Strategika ou Principes Généraux de la Guerre


par Hadeb Aubers, au G.T.A

Que celui qui profite d'un bonheur paisible et de la douce prospérité n'oublie jamais que l'orage de la guerre peut s'abattre à tout moment sur sa maison semant la mort et la misère. Ainsi chacun doit se préparer à une juste lutte pour maintenir la paix et la liberté conformes à l'équilibre naturel.

Les grands généraux savent soumettre les règles théoriques aux nécessités de la bataille. Mais ces quelques principes tirés d'anciennes maximes et d'expériences récentes ne sont que de maigres feux allumés sur les cotés déchiquetées afin de guider les navires perdus dans l'obscure violence jusqu'au port.

Même si cette pratique, que certains inconscients appellent injustement art, n'a pas de secret pour vous, je pris votre Excellence et les honorables lecteurs de recevoir ce texte avec indulgence.


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L'habile général ne devrait jamais se trouver réduit à verser une goutte de sang. Il fait en sorte que son ennemi soit entre ses mains comme des pièces de bois. Il connaît l'art de faire mouvoir l'ennemi à son gré. Il doit savoir définir un objectif clair et décisif à toute opération militaire. L'agitation sans but désorganise les troupes, atteint le moral des soldats et retarde le moment de la bataille.

Bien exploiter l'offensive est un chemin vers la victoire. Il faut en user lorsque la situation le permet et ne pas relâcher son attaque. Que l'ennemi soit nombreux ou pas, tenter simplement de l'emporter sur lui en terrain découvert par la force brutale est une entreprise fort risquée et porteuse de sérieux dommage. Sauf en cas d'urgence, il est ridicule de tenter d'emporter la victoire ainsi, en recherchant une vaine gloire.

La défense est une stratégie honorable mais il est meilleur de porter la guerre sur les terres ennemies. Il est plus efficace de porter la guerre en une terre étrangère que de voir son propre domaine livré au pillage et à la ruine. Les hommes qui se battent en pays ennemi sont plus agressifs et engagés car privés de forteresse de refuge, ils ont le sentiment de combattre pour leur propre sécurité.

La Guerre consiste à masser au plus vite, à l'endroit décisif la puissance combattante écrasante. Car malgré la valeur des soldats, leur nombre ou l'appui d'un dieu, le génie du commandant peut donner la victoire. Il faut employer la puissance combattante disponible de la manière la plus efficace possible et n'allouer aux efforts secondaires que le minimum de troupe indispensable. En parcourant le fond, le général doit remplir les vides et enlever les excédants. Comme le ruisseau qui suit la pente du terrain sur lequel il coule, l'armée doit s'adapter au terrain sur lequel elle se meurt. Sans pente l'eau ne peut couler, mal commander, les troupes ne peuvent vaincre.

L'ennemi doit être constamment placé dans une position désavantageuse, en équilibre instable, par des manœuvres rapides. La puissance combattante, malgré sa masse, doit donc être souple dans ses déplacements et vive dans l'attaque comme le serpent. Pourtant un général qui attend d'être dans une position favorable pour attaquer ne doit pas s'endormir dans l'attente. Il doit créer l'occasion.

Il est bon de porter des coups à l'ennemi par la ruse, les coups de main ou en l'affamant, sans jamais se laisser entraîner dans une bataille rangée, qui est plus une démonstration de chance que de bravoure.

L'unité du commandement doit être maintenu en évitant que plusieurs têtes ne décident ensemble. Il importe avant tout d'être prudent et de prendre son temps pour établir des plans et, une fois la décision prise, il convient de l'exécution sans hésitation, ni appréhension, ni faiblesse. Un seul chef poursuivant un but unique doit diriger une unité d'effort. Il faut faire observer rigoureusement les règles de la subordination et les attributions de chacun. Un armée forme un corps de discipline dont la connaissance ne doit pas échapper à l'attention du général.

Il ne faut jamais permettre à l'ennemi d'acquérir un avantage inattendu. Un général clairvoyant tient compte non seulement des dangers probables, mais ainsi de ceux qui peuvent être absolument imprévus. Il faut envoyer constamment et à intervalles réguliers des éclaireurs vigilants, des espions et des patrouilles pour obtenir des renseignements sur les mouvements de l'ennemi, ses forces, son organisation.

Il faut frapper l'ennemi à un moment, à un endroit ou d'une manière qu'il n'attend pas. Il ne faut pas toujours user des mêmes modes d'opération, même s'ils semblent très efficaces. L'ennemi prendra assez vite l'habitude, s'y adaptera et se sera pour vous le désastre. Il faudra tromper l'ennemi pas de fausses informations. Mais tous les moyens doivent être utiliser pour empêcher l'ennemi de se renseigner et s'informer sur vos mouvements et projets.

En fait, il faut établir un plan clair et simple. Les ordres doivent être précis et concis pour obtenir une parfaite compréhension. Le général doit déterminer ce qui doit être exécuter ouvertement et ce qui doit être fait en secret. Mais dans chaque opération il y a des parties qui demandent le grand jour et d'autre qui veulent le secret de la nuit.

Un esprit sain n'est ni indûment enivré par le succès ni exagérément déprimé lorsque les choses ne vont pas bien.

Mais l'essentiel de tout guerre passe par la politique de la paix. Seule une bonne administration éteint les antagonistes et les conflits. La paix sociale fait traire les intérêts particuliers et les citoyens se consacrent entièrement à ceux de la cité. Il convient donc à tout gouvernement de se ménager l'alliance ou la neutralité des souverains étrangers et de calmer les dissensions internes et à stimuler l'ardeur de ses citoyens conte les ennemis extérieurs.


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