Stryges


Lorsque l'on s'intéresse de près aux chemins sinueux qui mènent à la civilisation, on ne peut remarquer la fréquence des symboles associés aux créatures des airs.

Ils portent bien des noms, Nergals (gardien du culte), stryge (oiseau envoyé des dieux), phénix (oiseau légendaire).

Pour la clarté de mon récit je les nommerais stryges.


Sectes et cultes


Royaumes de l'est

Pratiqué en Shaltarie depuis la fin du second siècle sous l'égide de moines guerriers dissidents, le "Strigoï Kult" est le seul culte connu et nommé faisant directement référence aux stryges.

Les rites et les motivations de la secte s'inspirent directement du livre de "strigoï" qui est antérieur au culte d'environ un demi-siècle seulement. A l'origine, les réunions nocturnes avaient pour but de mettre en garde l'espèce "humaine" et de la "protéger" par des moyens "magiques". Le culte est encore vivace de nos jours dans les provinces reculées des royaumes de l'est mais il semble qu'il ait perdu beaucoup de sa signification première.

Les membres de la secte (dont le chiffre décroit chaque année) se contentent de se réunir une fois l'an pour se lamenter de tous les maux de la terre et observer une période de jeun d'une semaine (variable selon les régions).


Dans les continents reclus du sud ouest

Plusieurs sectes sans nom et sans véritable structure existent un peu partout dans les continents reclus. Généralement, ce sont les régions les plus reculées qui sont touchées par le phénomène, souvent de minuscules villages perdus dans les montagnes. L'observation du phénomène devient inquiétante lorsqu'on visite ces différents lieux et que l'on interroge les gens au hasard. Il n'est alors pas rare d'entendre des récits vaguement similaires à plusieurs milliers de kilomètres de distance.

Dans de nombreux cas, il s'agit tout au plus de quelques paysans ayant aperçu à plusieurs reprises des vols groupés de gigantesques créatures ailées. Le phénomène ainsi observé est rapidement associé à une manifestation divine. Des offrandes son offertes régulièrement à l'issue des cérémonies sacrificielles, souvent au moment des semences. Ce faisant, on espère que la récolte sera fertile.

Les charognards font leur festin des animaux morts ou des victuailles déposées là et destinées à attendrir les esprits divins. On considère généralement ces charognards comme les messagers de ces créatures, moins souvent comme leur incarnation.

Cela dit, les personnes interrogées ne donnent guère de détails sur les créatures ailées, refusent de citer les endroits ou elles sont apparues ou continuent à apparaître, et préfèrent éviter qu'on enquête sur ces lieux et que l'on cite leur déclaration. Sans doute par superstition.


Pays du sud désertique ou pays noir de K'neth

On observe sensiblement le même phénomène dans ces pays quant à la dispersion géographique de ces "sectes" dont le ciment est l'apparition des stryges. La grande différence entre les deux continents réside dans la manière d'appréhender le phénomène.

"Adorer" d'une certaine façon dans les continents reclus du sud ouest, les stryges sont en revanche objet de répulsion au pays noir. Décrit "physiquement" de la même façon, les stryges sont ici associés aux démons.

Dans certains endroits très isolés, des rituels sont fréquemment pratiqués pour repousser les forces maléfiques qui pourraient d'abattre sur la population des villages. On conjure le mauvais sort, on se protège d'un mal inconnu.

La meilleure preuve de l'efficacité de ces rituels selon les autochtones est qu'il ne s'est jamais rien produit. On l'ignore souvent, mais beaucoup d'amulettes en circulation ont pour but de protéger des stryges celui qui la porte.

En revanche, aucune personne vivante parmis les centaines interrogées n'a aperçu de ses propres yeux une créature pouvant faire penser de près ou de loin à un stryge. Il faut souvent remonter à 3 voire 4 générations d'individus pour retrouver trace d'un témoignage à l'origine du culte en question. Les traditions ont la peau dure. Les rites survivent.

On observera en outre que jusqu'a une époque récente, de nombreuses tribus tentaient de décourager les visiteurs d'explorer certaines régions mystérieuses de leur territoire.


Zone désertique au nord du pays K'neth : le Ganak

Malgré l'attrait des foules pour ses monuments colossaux et son abondante imagerie invitant au mystère, force nous est de constater que l'ancienne religion du Ganak ne nous est que très partiellement connue. Il en va hélas ! De même pour notre sujet d'étude. Au stade actuel des recherches, seul un nombre très restreint de sectes organisées et structurées ont pu être percées à jour et recensées au nombre de celles qui nous occupent.

Le caractère profondément dualiste de l'approche du phénomène est en outre complètement original dans le cas des sectes Ganakéennes. Tels que Ousir connu jadis comme le dieu de la nature (et par conséquent de la vie) et plus tard adoré par tous comme le dieu des morts, les fondateurs de ces églises microscopiques (et sans aucuns liens entres elles) semblent avoir souhaité une certaine ambivalence.

Bien que les rites et les fondements différents de tout ce qui a pu être dit précédemment, les sectes Ganakéennes ont pour point commun avec celle du reste du monde l'absence de prosélytisme. Comme si la connaissance du phénomène exigeait une prudence extrême ou comme si le doute était permis quant au phénomène lui-même.

Ce caractère est unique dans l'histoire de ces mouvements et apparaît paradoxal lorsque l'on compare ces sectes aux autres qui croient dur comme fer détenir LA vérité et cherchent à l'imposer aux autres par tous les moyens. Rien ne nous empêche de penser qu'il n'en existe pas d'autres dans cette énigmatique contrée. L'enquête se poursuit.


Reste du monde

Sans pour autant qu'ils revêtent l'ampleur et la "qualité intrinsèque" des mouvements que l'on vient d'exposer tout au long de ce chapitre, on a recensé de nombreuses manifestations apparentées au "culte des stryges" dans le reste du monde :
En nouvelle Keldonie, dans les îles volcaniques de Lazar, en Burgonie, dans les fjords bleus et dans les îles aux aigles.

Les phénomènes de "secte" ou de "culte" n'ont jamais été observé dans des pays comme Ikon, Myrdvawk, les plaines de Wilmir, et les lacs gelés des plateaux pourpres. Cette absence remarquable n'exclut cependant pas pour autant l'existence de la "persistance" du phénomène des stryges.

Il est fort probable que son approche revêt simplement d'autre forme. Il est en effet imaginable que des mélanges et des amalgames se soient produits au cours des siècles. On peut facilement imaginer que sous l'influence successive de diverses religions, ces cultes primitifs se soient pliés à l'apport d'éléments nouveaux pour survivre, et aient ainsi subi des profondes transformations. Au fil des âges, des cultes plus récents ont pu supplanter celui des stryges.

Citons au passage ceux qui constituent certainement les deux plus célèbres variantes : Le satanisme, très répandu et toujours en vigueur a l'heure actuelle dans les régions des plaines de Wilmir et des lacs des plateaux pourpres ainsi que les cérémonies vaudous pratiquées de nos jours encore dans de nombreuses îles.

Mais si la demonolâtrie reste un apostolat métaphysique et religieux offrant à ses adeptes une imagerie traditionnellement obscène et grotesque, elle se détourne du même coup de l'hallucinante réalité du phénomène des stryges, le repoussant toujours plus loin, jusqu'aux frontières de l'oubli.

Dans un tout autre domaine, plus moderne que les précédant, notre honorable société est une parfaite illustration d'une forme dérivée de rassemblement d'individu unis dans un but unique et inaltérable, celui de la lutte.

Nous pouvons donc affirmer de manière certaine que d'autres secrets existent à travers le monde et que d'autres cultes sont célébrés dans des endroits où la magie n'a pas encore subi le joug des sciences modernes. Il ne nous est en revanche pas possible d'en dresser une liste exhaustive ni un panorama complet tant les premières sont nombreuses et les seconds différents.

De plus, il est parfois délicat de faire la part des choses entre ce qui relève véritablement du phénomène des stryges et ce qui n'en offre qu'un pâle avatar. Nous avons préféré exposer dans ses pages que ce que nous considérons à juste titre comme représentatif d'un fait établi et fort répandu, inquiétant et fort peu connu du public.


Mythe et réalité


L'apport du vampire et la tradition des pays de l'est

Etudié de manière isolée, en dehors de tout contexte, le phénomène des Stryges apparaît comme le fruit d'un délire fantasmatique et paranoïaque. Ceux qui, a l'inverse, essaient de maintenir le mythe dans un contexte purement magique, de le cantonner à un ensemble de superstitions et de croyances simplistes ou de comprendre ses origines en se bordant à étudier les sombres rituels païens qui s'y rattachent, ne font que réduire le problème. Telle est la double difficulté de cette étude. Et de la lutte qui en découle.

Avec le fameux mythe du Vampire, le folklore des pays de l'est nous livre toutefois un certain nombre d'éléments constructifs, à même de nous aider à appréhender le phénomène. En effet, si l'on s'abstient de prêter foi aux divagations et à la mesquinerie paysanne qui pousse tout a chacun à voir dans voisin un être démoniaque(1) et un redoutable jeteur de sorts, on trouve dans la tradition des pays de l'est d'innombrables témoignages de "manipulation" des esprits par des créatures non humaines.

L'être néfaste appelé "Strigoï" (sorcier) est définit comme un être non vivant manœuvré par un Ennemi ( en général un Démon ). Malgré l'honneur qu'il inspire à la population qui cherchera à tout prix à le détruire et à l'empêcher de nuire (2), le Strigoï n'est jamais déclaré responsable de ses actes terrifiants qu'il commet. On admet communément qu'une volonté supérieure le pousse à être mauvais, à mal agire. En procédant à des analyses et à des rapprochements, il apparaît clairement que cet Ennemi pourra être identifié à un Stryge.

Autre exemple : pour se débarrasser définitivement d'un Vampire, la tradition rapporte qu'après l'avoir démembré, il faut brûler séparément chacun des morceaux. Sans cette opération, si un seul des morceaux demeurait intact, le Vampire pourrait se reconstituer et recommencer à persécuter les vivants.

Comment ne pas reconnaître dans cette description les étonnantes propriétés des Stryges face à la combustion (cf. "effet phénix") ? N'est ce pas troublant de constater une fois de plus la proximité des croyances liées aux Vampires et des faits consignés sur les Stryges ?

Concernant un autre mythe, celui de la sirène cette fois, il est en outre à noter que le verbe "striga" signifie "crier" dans ses pays. Encore une référence au verbe, à la parole, au fameux "chant" dont la légende nous souffle qu'il faut se prémunir.

(1) Sont considéré comme "Strigoï" les enfants non baptisés, les sorciers, les maudits, les excommuniés, les morts subitement, les pendus, les noyés, les suicidés, ceux sur les cadavres desquels sont passés des animaux, ceux qui sont nés coiffés, les 7 âmes enfants d'une famille, les chauves, les roux, les personnes ayant les yeux bleus, les somnambules, ceux qui souffrent de difformité physique ou encore les enfants illégitimes, malheureux petits êtres d'une union délictueuse ou incestueuse, sont enfantés en cachette puis assassinés par l'un des deux parents avant d'être enterrés nuitamment. La liste est encore longue et n'est que le reflet d'une époque cruelle ou violence et persécution étaient monnaie courante et souvent liées à la stupidité des hommes, à la jalousie, à la mesquinerie, à la peur de l'inconnue, et au rejet de la différence. Tant il est vrai qu'on attribue plus facilement son malheur à l'autre, celui qui est censé posséder des pouvoirs surnaturels, plutôt qu'à des causes naturelles ou à sa propre incompétente.

(2)Autant pour la sécurité des vivants que pour le repos éternel de l'âme du malheureux Strigoï.



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