Vilramë et Alquawen
Il était une fois, dans un lointain et merveilleux pays, un jeune homme nomme Vilramë. Il vivait seul, loin de tous, dans une vallée ou soufflait le vent. Sa demeure était une caverne, inaccessible à pied. Depuis sa plus tendre enfance, il avait été banni de son village natal, car dès son plus jeune age, il présentait une particularité qui fit de lui un monstre. En effet de belles ailes, blanches comme la neige, avec une pointe d'un bleu presque noir, apparurent lors de ses sept ans. Depuis ce jour, il reste isolé du monde, aimant plus que tout survoler des pics inaccessibles à l'homme, en compagnie des aigles et des faucons. Les oiseaux sont devenus sa seule famille, et ils partageaient avec eux sa nourriture et sa vie.
Loin de là, dans un paisible royaume, vivait la princesse, fille d'un roi juste et bon. On la nommait Alquawen, car elle se plaisait à rester parmis les cygnes, devant l'immensité de l'océan. Elle se languissait du bruit des vagues, lorsqu'elle restait au palais, pourtant proche du rivage. C'est pourquoi, le roi avait fait construire, au-dessus des flots d'une crique abritée, une maison sur pilotis, ou elle pouvait rester écouter la mer. Une rivière se jetait dans cette crique, à son grand plaisir, car des cygnes y vivaient. Mais ce que nul ne savait, c'est que la princesse, avait une longue queue de poisson à la place des jambes, lorsqu'elle le voulait. Elle cachait ce pouvoir aux autres, car elle savait que ceux qui présentaient d'étranges capacités étaient bannis, qu'ils soient de familles nobles ou pauvres. Ainsi, lorsque les étoiles se levaient, elle quittait sa chambre et allait nager parmis les poissons et les cygnes, sans qu'un seul bruit ne trahisse son secret.
Si les différents royaumes vivaient en harmonie et dans la paix, il existait, loin au Nord, un pays sombre et ténébreux. Rares étaient ceux qui avaient vu ce pays, et encore plus rares ceux qui en étaient revenus pour le décrire. Il y vivait un seul homme, bien qu'il ne le soit plus tout à fait. C'était un seigneur de haine et de cauchemar. Nul ne pouvait lui tenir tête au combat, on disait que d'un regard il pouvait tuer un homme et d'un coup de sa lance détruire une cite. Sa monture était un immense dragon plus noir qu'une nuit sans étoile, et plus puissant qu'une armée. Ce seigneur sombre avait été nommé Daemor par les peuples qui le craignait. Il résidait seul dans sa forteresse maudite, au sommet d'un trône fait des cranes de tous ceux qu'il avait vaincu. Un jour, son sombre regard se posa sur le royaume de la princesse sirène, et devant tant de paix et de beauté il décida de détruire le royaume. Il enfourcha Karchdae, sa noire monture, et partit semer la mort et la destruction parmis les hommes. Tous fuyaient devant lui, qu'ils soient animaux, femmes, simples paysans ou braves guerriers.
Vilramë sentit le vent tourner. Sa vallée habituellement calme et paisible était traversée par des colonnes d'hommes et de femmes fuyant un danger qui lui était inconnu. Mais plus grave, même les aigles fuyaient, lui disant de partir devant la terreur sombre qui allait bientôt arriver pour tout détruire. Même les vents parlèrent à Vilramë, lui disant de fuir et d'abandonner cette vallée qu'il aimait tant.
Voyant de lourds nuages noirs aux reflets sang se diriger vers lui, Vilramë décida de fuir, pressentant que la mort le guettait s’il restait plus longtemps. Il déploya ses larges ailes, et sa laissa porter par les vents jusqu'à des terres plus accueillantes et plus sures. Il plana longuement, survolant toute sorte de lieux, des montagnes inaccessibles, des déserts brûlants, d’immenses forets, des citées aux hautes tours semblant jaillir de terre. Mais jamais il ne trouva une terre qui était prête à l'accepter, et jamais il ne distança le sombre nuage qui le suivait. Et partout les gens fuyaient en voyant ce qui le poursuivait. Tous maudissaient cet ange qui amenait avec lui le seigneur de la destruction. Ce que nul ne savait, c'est que Daemor ne poursuivait pas Vilramë, il ne faisait que prendre le plus court chemin vers son but.
Alquawen se baignait en compagnie de cygnes et de poissons, sous la lumière de la lune. Insouciante du danger qui la menaçait, elle faisait sécher ses écailles sous les étoiles. Le ressac des vagues la berçait, et une douce brise marine lui faisait onduler les cheveux. Lorsque soudain un grand oiseau tomba du ciel. Intriguée, elle nagea jusqu'à lui, le ramena sur la plage, et découvrit avec stupeur qu'il s'agissait d'un homme portant de grandes ailes dans le dos. Lorsque celui-ci se réveilla, elle fuit, effrayée par un tel être et consciente que son secret avait été découvert. Vilramë eut juste le temps de voir la sirène s'éloigner de lui avant de se rendormir, épuisé par son long voyage.
Le lendemain, il se réveilla sur une plage, avec pour seule compagnie le cri des mouettes. Il s'émerveilla longuement de la mer, qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il s'en émerveillait d'autant plus qu'elle lui rappelait le doux visage de celle qui l'avait sauvé, et qui était partie sans rien dire. Une fois ses ailes sèches, il reprit son envol, non plus pour fuir, mais pour retrouver celle qui lui avait sauvé la vie, et qu'il voulait revoir au moins une fois. Il la chercha longtemps, ne savant ou aller. Mais une nuit, il la trouva, allongée parmis des cygnes. Il descendit vers elle, mais elle s'enfuit à sa vue. Il la poursuivit, elle juste sous la surface, et lui juste au-dessus. Et peu de temps avant l'aube, elle abandonna, et laissa le jeune ange venir à elle. Ils furent alors pris d'un amour profond et réciproque.
Mais le temps n'était pas à leur amour, car Daemor arrivait sur le royaume, et déjà la guerre ravageait les frontières du royaume. Mais cette fois-ci Vilramë décida de ne pas fuir. Il avait perdu la vallée de son enfance, et il décida de ne pas perdre l'amour de sa vie. Et les vents qui ne voulaient pas perdre celui qu'ils considéraient comme leur fils, voulurent l'aider dans sa quête. Ils lui offrirent une armure pour se protéger, elle était d'un bleu azur presque translucide, et elle rayonnait de lumière. Ils lui offrirent également une épée, celle-ci était unique, elle était faite d'un diamant plus coupant que n'importe quoi au monde. Ainsi armé, il se prépara à affronter le seigneur des ténèbres.
Ils se faisaient face depuis déjà longtemps. Ils ne bougeaient pas, à l'exception de légers battements d'ailes. Ils se fixaient sans rien laisser paraître de leurs intentions. On ne pouvait que voir la haine à l'état brut sur les trais de Daemor, et un sentiment d'exaltation sur celui de Vilramë. C'était l'affrontement de l'ombre et de la lumière, mais aucun ne semblait commencer le combat. Soudain un hurlement déchira le ciel, c'était Karchdae qui plongeait sur Vilramë en crachant un souffle noir. Le combat venait de commencer.
Vilramë esquiva le coup et partit lui aussi à l'attaque, son épée parant dans une pluie d'étincelles la lance de son adversaire. Guidé par les vents, il pouvait lutter contre le meilleur combattant du monde. Son armure et son agilité le protégeant des griffes et des crocs du dragon, tandis que son épée attaquait sans relâche son adversaire. Ils bataillaient parmi éclairs et rafales de vents de plus en plus violents. Dans la cité en contre-bas, tous regardaient anxieusement le déroulement du duel, priant pour que la destruction ne s'abatte pas sur leur cité.
Soudain, un aigle piqua sur le sombre seigneur, ce dernier le vit, releva sa lance et l'embrocha. Hurlant de rage en voyant un de ses oiseaux se sacrifier pour lui, Vilramë frappa de toutes ses forces. Sa lame décrivit un arc de cercle, qui découpa la tête du dragon, puis celle de son cavalier. Le cadavre du dragon tomba alors sur la cité et y détruisit de nombreuses demeures. Mais le noir seigneur était mort.
Le roi accueillit alors son sauveur, et malgres ses ailes, il le considéra avec respect et honneurs. Vilramë en fut surpris et touché. Il habita durant quelque temps dans la cité, mais préféra vivre auprès Alquawen, dans sa demeure près de l'eau. Et un beau jour, Vilramë demanda la main de la princesse au roi son père. Celui-ci l'accorda, voyant que sa fille brûlait d'amour pour le bel ange.
Mais tous dans la ville ne voyaient pas cette union honorable. L'un d'eux, Olos était secrètement jaloux de Vilramë. Et il connaissait le lourd secret de la princesse. Mais il n'avait jamais rien dit, car il se plaisait à la voir se baigner la nuit. Il complotait pour tuer Vilramë, car sauveur ou non, il considérait que cette abomination devait être détruite. Et plusieurs partageaient cette opinion, mais ils étaient trop lâches pour exposer leur idée au grand jour.
Le jour de l'union de Vilramë et d'Alquawen, la ville était en liesse, célébrant dans la joie le mariage de leur princesse. Il devait être célébré en haut d'un escalier de marbre, qui allait de l'entrée de palais à un bassin donnant sur la mer. Alors que les futurs mariés montaient les marches jusqu'au Palais, Olos tira sur Vilramë, qui était sans son armure, à l'aide d'une arbalète de poing.
Mais Alquawen, par amour, se plaça devant Vilramë et reçu le projectile en plein cœur. Elle mourut dans les bras de son aimé, sans même réussir à lui dire un dernier mot, elle le regarda tendrement, puis ferma les yeux pour toujours. Son sang se vida de sa blessure et, toujours plus liquide et perdant de son rouge, coula jusqu'à la mer. Son corps lui-même se dissipa dans une brume bleutée.
Vilramë fut alors déchiré entre une haine terrifiante envers Olos et une tristesse infinie. Son esprit fut alors déchiré entre ces deux sentiments opposés, si bien qu'une partie de son esprit quitta son corps, tel une brume blanche qui monta aux cieux. L'autre partie, aveuglée par la haine resta dans son corps. Ses ailes, jusqu'alors d'un blanc éclatant, devinrent plus noire que les ténèbres, son épée de diamant se teinta d'un noir au reflet rouge, et ses yeux, avant d'un gris intense prirent une terrifiante couleur rouge sang.
Il regarda Olos, et avant que quiconque ait pu réagir, il le massacra, abreuvant sa lame de sang. Il terrassa alors tous ceux qui avaient l'imprudence ou la malchance de se trouver à portée de lui. Il détruisit la ville qu'il avait sauvé, tant sa douleur était cruelle, à l'exception de la maison de sa princesse. Il partit ensuite, hurlant de désespoir et de haine contre ceux qui avaient tué sa bien-aimée.
Depuis ce jour malheureux, les deux amants ne se sont jamais retrouvés, Alquawen étant parmi les flots, et Vilramë parmi les cieux. Et loin très lon au nord, dans une sombre tour, en haut d'un trône d'obsidienne, règne un seigneur de ténèbre aux yeux rouges, aux cheveux argents, et aux ailes plus sombres que la nuit.
Mais par contre certains racontent, que parfois les deux amant cherchent à se retrouver, et alors les vents soufflent parmi les eaux, et les vagues cherchent à monter jusqu'aux cieux. Et à ces moments, les hommes restent chez eux, car la colère de Vilramë d'etre separé d'Alquawen rend les vents des plus violents...