Un nouveau meurtre
Un soir de la semaine 10, je me rendis chez Eorn et son épouse Shaniah pour dîner. Le repas et les vins
furent délicieux et la discussion agréable. Alors que je m'apprêtais à rentrer chez moi, nous eûmes la
surprise d'entendre quelqu'un frapper à la porte, en effet il était déjà fort tard.
Il s'agissait de Swimbo qui soutenait un Vénustus grimaçant et blessé, une flèche fichée dans la cuisse.
"Maître guérisseur, nous avons besoin de vos compétences, Vénustus s'est fait attaquer, il a réussi à
gagner ma demeure malgré ses blessures et je l'ai ensuite aidé à venir jusqu'ici"
"Suis-moi, mettons le sur le lit dans la chambre... Shaniah, Malvoört, amenez-moi des compresses et de
l'eau chaude...."
Prestement, le policier fut installé le plus confortablement possible et Eorn s'occupa de la plaie. Il retira
délicatement la flèche et employa tout son art à arrêter l'écoulement du sang et à refermer la plaie.
Lorsque Vénustus eut repris quelques couleurs et que sa douleur se fut bien calmée, il nous conta ce qui
lui était arrivé :
"Bien décidé à enrayer les meurtres en cours dans la ville, je m'étais posté dans la tour. Je regardais vers
le sud, attentif au moindre mouvement suspect. De ma position je pouvais voir sans être vu, du moins je
le pense. Mes yeux s'étaient habitués à l'obscurité et je venais de terminer de prendre une réconfortante
collation lorsque je crus entendre un trot de cheval.
Vigilant j'attends de voir un cavalier se rapprocher de la porte que je surveille, mais rien ! Il y a bien un
bosquet à quelques dizaines de mètres de l'endroit ou j'étais, d'où le bruit semblait venir... C'est avec
silence que je réussis à redescendre de la tour, et me dirige à pas de loup vers le bosquet. Je n'entendais
rien d'autre que ce qui pouvait être un cheval. Je décide de m'allonger, et de ramper avec discrétion,
jusqu'au bosquet. La lune illumine les alentours silencieux.
Il faut dire qu'avec les assassinats répétés les promeneurs se font rares...
J'avance mètre après mettre, tendu, prêt à bondir si j'étais menacé. Le bosquet est à 10m... 8m... 4m.. Il y
a bien un cheval, attaché. Je contourne avec discrétion les feuillages... et constate que le cheval est sans
selle. Il me regarde avec ses yeux brillants: Ou est le cavalier? Je continue de m'approcher de l'animal
qui ne semble pas perturbé par ma venue. Face contre terre je découvre des traces fraîches, qui partent
un peu plus au sud, vers un champ. Le cheval n'est manifestement pas un cheval de trait : trop élancé pour
cela. Il se laisse caresser, mais semble avoir du caractère.
Je décide de suivre les traces : celles-ci se dirigent vers un champ et je les suis sans peine dans
l'herbe humide. Le blé est assez élevé en cette saison, et les semis sont plantés avec densité.
L'inconnu(e) s'est frayé un passage à travers les épis, et je me demande bien pour quoi faire et aller ou?
Est-ce un simple braconnier à la recherche de lapins sauvages? Quoiqu'il en soit, je pourrais suivre les
traces à travers champs, mais risquer de tomber nez à nez avec l'individu... J'hésite un instant, regardant
autour de moi. Soudain un cri en provenance de la Cite me glace le sang.
Par réflexe je tourne les yeux vers les murailles, puis les ramènes aux alentours : mon regard se fige
alors sur une forme humanoïde bien dessinée sous l'éclat de la lune. Au bout du champ la forme s'est
dressée, un arc bandé dans ma direction... Mon réflexe de me jeter face contre terre me sauve sans doute,
car une flèche siffle et vient se planter là où je me trouvais...
Je me lève alors d'un bond et cours en direction du cheval, espérant que le tireur n'aura pas le temps de
me mettre de nouveau en joue... mais c'est mal juger la dextérité de ce dernier. Ma course zigzag est
interrompue par une vive douleur dans ma cuisse, qui me fait m'effondrer, à quelques mètres de l'animal.
Je retiens à peine un cri de douleur, et tourne ma tête vers celui qui ma pris pour cible, attendant avec
effroi qu'il m'achève... Le tireur a rangé son arc et se rapproche de moi en courant... je serre les dents en
essayant de me relever pour me défendre... Il, ou plutôt elle d'après ce que je peux juger de ses formes
me dépasse pourtant sans prêter attention à ma souffrance, détache le cheval et part au galop les cheveux
blonds au vent. Je n'ai pas vu le visage sans doute noirci pour être plus discret.
La suite vous la connaissez. J'ai sans doute perdu connaissance quelques temps, en tout cas, j'ai réussi à
me traîner jusque chez Swimbo."
Après un bref conciliabule, il nous est apparu nécessaire de tenter une poursuite de l'amazone et
d'essayer d'identifier l'origine du cri entendu par Vénustus. Swimbo est donc parti prévenir les autorités
tandis que qu'Eorn et moi sommes parti rassembler les prêtres de Galadriel.
Après quelques réveils difficiles et moult bâillements, une douzaine de personnes se retrouvèrent chez
Eorn. Deux équipes sont rapidement formées. La première constituée par les Paladins Bergha, Kalta,
Ajeistir, par les Veilleurs Nathan et Félinel se chargera de suivre les traces de la cavalière. Prévenu,
Rur leur a mis à disposition des Garespas, harnachés et scellés, de l'écurie du gouverneur. Plus tard,
Berthold, tiré de son sommeil par l'agitation qui règne dans la ville cette nuit là est venu renforcer ce
groupe. Une fois équipés, ils sortirent d'Acménia par la porte sud, sur la piste de l'amazone ...
Pendant ce temps, Eorn, Landra, Swimbo, Vénustus et moi décidons de fouiller la cité pour porter
assistance à la personne dont le cri a été entendu par le policier. Nous commençâmes les recherches dans
les quartiers sud de la ville sans trop de succès. En interrogeant les quelques personnes qui nous avons
pu croiser, il s'est avéré que des bruits avaient été entendus vers le parc.
C'est là que nous avons fait notre funeste découverte : la jeune elfe Adia gisait dans une marre de sang,
assassinée. L'arme utilisée était vraisemblablement une lourde épée et, chose étrange, une lettre
sanguinolente avait été gravée sur la malheureuse : un "I".
Lorsque Vénustus s'est approché en claudicant, il a murmuré "enfer ... encore une lettre ... comme je le
craignais ... ". Le policier nous explique alors que sur la semaine où a débuté la vague d'assassinats six
cadavres ont été retrouvés portant la lettre "E", les meurtres se sont alors succédés, un par semaine, une
lettre à chaque fois : les "E", puis un "M", un "B", un "L" et enfin ce "I".
Nous avons pu trouver des traces qui allaient du corps d’Adia jusqu’à la rivière Dorée. C’est
vraisemblablement à la nage que l’assassin a pénétré dans la cité.
Un mot couleur de sang flottait dans toutes les têtes : EMBLIONNE.