Le retour des Garespas


Passant par le palais du gouverneur pour rendre les montures qui nous avaient été généreusement prêtées, j'en profitais pour remettre au garde en faction un pli, contenant le récit de l'expédition de poursuite de l'amazone, ainsi qu'une ébauche de carte des environs explorés à l'occasion.

C'est par une nuit de la semaine 10, alors que le sommeil ne venait pas, hanté que j'étais par des expériences infructueuses, que je fus tiré de ma torpeur par un fracas semblant issu de la rue.

N'ayant rien de mieux à faire, je me précipitais à ma porte pour voir de quoi il retournait. C'est là que je vis une petite troupe en arme courant dans la rue Royale vers le sud, pour disparaître au coin de l'allée du Guet. Intrigué par cette agitation et n'ayant rien de mieux à faire cette nuit là, je quittais ma robe de chambre et mon bonnet de nuit pour ma robe de jour brodée et mon chapeau pointu, attrapais au vol mon Ouki assoupi et me précipitais vers ce qui me semblait être leur destination : la porte sud de la ville.

Arrivé là, je découvris que j'avais vu juste : Bergha, Kalta, Nathanaël, Ajeistir et Félinel, habillés et en arme s'activaient à ouvrir la porte. Je m'enquis de la raison de cette martiale agitation, et l'on me fit part d'une histoire assez embrouillée, où il était question de Venustus faisant la garde de nuit seul à la porte sud et agressé par ce qu'il identifia comme une amazone tentant de quitter la ville à cheval après y avoir causé on ne sait quel méfait. Le temps de courir se faire soigner d'une méchante flèche dans la cuisse chez les prêtres de Galadriel et de leur raconter son aventure, une troupe de paladins se précipitait à la poursuite de la bougresse, apprenant au passage qu'un meurtre venait d'être commis en ville...

Nous commençâmes par rechercher des traces dans les champs de blé aux alentours de la ville, mais il devint rapidement évident que la fugitive ne s'était pas attardée, pas même cachée dans l'ancienne baraque à outils sise près du champ.

Décision fut prise d'aller rapidement s'équiper pour quelques jours de voyage et de repartir au plus vite, remonter les traces que le cheval de l'amazone avait laissées. La bonne nouvelle fut que le gouverneur accepta de nous prêter des garespas issus de son écurie personnelle.

Montés sur ces puissants animaux, nous commençâmes à remonter cette piste qui manifestement vers l'est/sud-est. Au bout d'il me semble une demi-heure de cavalcade, Nathanaël fit soudainement stopper : il venait de remarquer que les traces du cheval étaient maintenant plus profondes qu'au début, comme si la cavalière avait chargé un poids supplémentaire sur sa monture, ou comme si le cavalier avait été changé par quelqu'un de plus corpulent. Cependant, reconnaissant là une inattention de sa part, Nathan reconnu que ces traces pouvaient avoir changé depuis un moment déjà.

Le groupe se sépara donc en deux : Nathan et moi retournèrent en arrière pour identifier le moment où les traces avaient changé, tandis que le reste du groupe poursuivait la remontée de la piste. Nous finîmes par identifier que le chargement s'était fait dans un petit bosquet à proximité de la ville. Il s'agissait bien d'un chargement, puisque les traces du cheval étaient rejointes par celles laissées par un humanoïde de la corpulence d'un acmène, d'un humain ou d'un elfe.

Nous remontâmes ces traces de pieds jusqu'à la rivière Dorée, à proximité de l'endroit où elle passe sous les murailles de la ville. Il semblait donc que l'amazone avait chargé en chemin un complice lui aussi issu de la ville... Etait-il l'assassin qui avait sévit cette nuit là ? Nous n'avions aucun moyen de le savoir...

Nous repartîmes donc en sens inverse, remontant la piste fraîche laissée par nos amis. Lorsque nous les retrouvâmes, il nous apprirent qu'ils avaient chevauché jusqu'à une crique, où la piste avait disparue. Une exploration complémentaire de la crique, menée par Nathan alors que le reste du groupe rentrait, ne révéla, selon ses dires, rien qui ne semble correspondre à l'entrée d'un passage souterrain ou les deux malfrats auraient pu fuir. Selon toute probabilité, une embarcation était venue charger nos fugitifs et était repartie avant notre arrivée.

Déçus par notre échec, nous rentrâmes en ville.

A titre d'information, la crique se trouve à environ deux heures et demi à dos de Garespa, à l'est de la ville.




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