La Furie Blanche
Almalia courait dans l'immense étendue enneigée, le vent de sa course faisant voler la poudreuse, qui retombait en dissimulant ses traces. L'air était froid et sec, et sa respiration se glaçait, mais elle n'avait pas le temps de s'en soucier, elle n'avait pas non plus le temps d'enlever la flèche empennée de noir qui s'était plantée dans sa jambe. Elle devait rentrer au village et prévenir les autres: une horde de mercenaires approchait, et elle détruisait tout sur son passage. La cité des nains blanc était déjà tombée, et ce serait bientôt le temps du village d'Erc'h, à moins qu'elle n'arrive à temps. Sa course touchait à son but, et déjà les blanches tours d'Erc'h s'élevaient devant elle. Elle rentra dans le village blanc, et s'écroula dans les bras de celui qui gardait la porte.
"Yrch!-l'ennemi- préviens la prêtresse, ils seront bientôt sur nous."
Et alors que le garde partait en courant faire passer le message, Almalia s'assit sur le bord de la fontaine, qui malgré le froid n'était pas gelée. Elle put alors se souvenir de ce qu'elle avait vu.
Une grande horde de barbares était tombée sur le village de la montagne, là où les nains blancs avaient établi un petit fort, gardant les entrées d'une mine de crystal. Les nains avaient vaillamment résisté, mais l'ennemi était trop nombreux, bien trop nombreux. Almalia y était, pour y chercher du crystal, qu'elle devait échanger contre de la nourriture... Les nains blancs était un peuple bon et courageux. Eux et son peuple avaient toujours vécu ensemble, dans la paix. Les nains creusaient la terre, et les elfes la cultivaient malgré la neige qui ne fondait jamais. La était la nature de chacun des peuples, et ils vivaient en harmonie, chacun aidant l'autre. Mais pour la première fois depuis des siècles, les neiges éternelles s'étaient couvertes de sang. Et bientôt se serait le tour du sang des elfes blancs de souiller la pureté de la neige. A moins que...
Menellos était prête. Elle avait revêtu son armure d'argent et de crystal, elle se tenait devant son étrange lame. Elle ne ressemblait à aucune autre. Elle était plus longue, la poignée laissait la place pour deux mains, et elle n'avait qu'un seul tranchant. Elle n'était faite d'aucun métal connu, et elle était plus blanche que la neige, sauf qu’elle était parcourue par des centaines de veines d'argent qui la faisait luire d un feu intérieur. Mais surtout elle était lourde, immense, même le plus fort des nains n'aurait pas réussit à la manier, pourtant elle allait le faire. Le reste de ses habits, ainsi que la longue cape qui couvrait ses épaules étaient blancs. Elle savait que si elle se glissait au-dehors, au milieu des étendues de neige, personne ne pourrait la voir, elle serait invisible, et elle pourrait alors porter la mort sur ses ennemis. Menellos savait son rôle, et que l'avenir de son peuple dépendait d'elle. Mais elle ne savait pas exactement ce qui allait se passer. La grande prêtresse de Gaia lui avait juste dit qu'il n y aurait aucun problème, qu'elle saurait manier cette épée quand le temps serait venu. Elle savait ça depuis qu'elle était toute petite, depuis qu'elle était rentrée au temple, elle savait que le temps voulu elle saurait protéger son peuple. Mais comment? Le temps était venu, mais elle ne sentait rien , l'épée était toujours aussi lourde, l'armure aussi lourde, et l'ennemi s'approchait. Comment pouvait elle devenir celle qui rependrait la mort parmi eux?
Menellos se tenait désormais devant la grande prêtresse de Gaia, celle qui dirigeait le village, et qui l'avait éduquée à sa mission. Elles étaient assises face à face, un cercle de novices les entourait, psalmodiant une antique mélopée. Menellos fit le vide en elle, se concentrant sur son épée, qui luisait maintenant d'une lueur blanche. Puis la prêtresse lui tendit une Pierre-vie d'un blanc immaculé, et la fixa au front de Menellos avec une chaînette d'argent. Celle-ci compris alors comment elle allait sauver son village, une conscience habitait la pierre, et elle cherchait à rentrer en contact avec elle, Menellos ouvrit alors son esprit à l'esprit de la pierre-vie.
C'était il y a bien longtemps, alors que les ténèbres recouvrait le monde, alors que Gaia devait défendre sa création face à son frère maudit. La terre était ravagées par les combats, et les démons affrontaient les enfants de Gaia, mais aucun d'eux n'avait le pouvoir de les affronter. Gaia avait alors envoyé sur terre certaines de ses gardes. Une garde constituée d'esprits qui avaient fait serment de la protéger des ténèbres, qui combattaient pour protéger l'amour de le Mère. Elles avaient été envoyées sur terre pour la défendre. Et les elfes leur avaient donné des noms suivant leur manière de combattre. Mais de toutes, aucunes n'était aussi puissante que Furie-blanche. Elle combattait sous la forme d'une furie tout de blanc vêtue, arme d'une longue épée blanche aux reflets d'argent. Elle frappait plus vite que le vent, et rien ne lui résistait. Mais à force de combattre, elle perdu une partie d'elle-même. Si bien que bientôt elle ne vecut plus que pour le combat, et les démons n'étaient plus ses seules victimes, les elfes, les nains, les humains et toutes les autres races se firent attaquer par la terrible championne, car elle tuait tous ceux qui portaient en eux une trace de mal. Lorsque la guerre des dieux fut terminée, et que Gaia retourna à son rêve de vie, Furie-blanche resta sur terre, alors que toutes ses sœurs repartaient protéger Gaia. Consciente de ses crimes, elle s'était elle-même bannie de l'au-dela-des-mers, et jura de combattre le mal, apportant son aide à toutes les races, mais elle était crainte, si bien qu elle se retira, attendant un appel...
Et cet appel était venu, Menellos le sentait, Furie-blanche avait été appelée en la pierre-vie qui ornait son front, et elle allait éeder son corps à la déesse. Menellos sentit son âme quitter son corps et entrer dans la pierre-vie, tandis que celui de la guerrière prenait le controle de son corps. Furie-blanche se releva, elle prit son épée sans rien dire elle se drapa dans sa cape aussi blanche que la neige, sorti du temple, passa les portes du village et disparu dans l'immensité glacée.
Almalia était de garde sur la tour du couchant, celle qui donnait directement vers l'Ouest, lù ou étaient les pillards, la ou La furie devait combattre. Puis soudain elle entendit la porte s'écrouler, sans que rien ne se fut approché. Elle sonna la cloche d'alarme et descendit l'escalier en courant, constatant avec plaisir que sa jambe avait été complètement guérie. Là où se tenait la porte, se dressait une étrange guerrière blanche, son immense épée était plus blanche que la neige, mais le plus effrayant était ses yeux. Ils étaient emplis d'une lumière aveuglante, et Almalia reconnut le corps de Menellos, encore possédée par Furie-blanche. La prêtresse lui avait pourtant expliqué qu'une fois la horde détruite, la furie quitterais le corps de sa sœur, et son âme regagnerait son corps.
La furie s'avançait maintenant vers la place du village, tranquillement, s'approchant d'un groupes d'elfes. Puis son épée décrivit un terrible cercle, et trancha la tête de l'un d entre eux. Pour la première fois depuis la création de ce village, le sang souillait son sol, et alors que les elfes regardaient avec horreur le corps sans vie, la furie s'élança à travers eux, en frappant au hasard, transperçant les corps, dans une étrange danse mortelle. Mais jamais le sang ne tachait sa cape, et sa lame restait toujours aussi blanche que la neige, et son éclat restait aussi glacée.
Puis aussi soudainement qu'elle avait engagé le combat, elle s'arrêta, laissant derrière elle des survivants terrorisés. Elle faisait face à la prêtresse, qui était descendue, alertée par les cris de panique. Elle regarda avec tristesse le sang qui se mêlait à la neige, et qui souillait son village. Elle fixa avec incompréhension celle qui devait sauver le village, mais qui y avait rependu la mort. Avec un hurlement inelfique, la furie se rua sur la prêtresse, Almalia et un autre s'interposèrent, la blanche lame, frappa dans un étrange mouvement courbe, la coupant à la gorge, et la décapitant. Une fois de plus le sang jaillit, mais pour la première fois, du sang souilla la lame, et gicla sur la cape. Almalia senti ses jambes fléchir sous son poids, elle vit la furie disparaître dans le paysage enneigé, puis sa vue se brouilla, et tout fut noir.
La prêtresse avait réunit tout le village sur la place de la fontaine. Tous la regardaient avec crainte, mais dans tous les regards elle put y lire l'espoir d'avoir une réponse. Pourquoi, pourquoi ce massacre? La prêtresse leur montra à tous une petite pierre, d'un bleu profond en forme de larme.
"Voici la pierre-vie de Menellos. Je l'ai trouvée sur les lieux du combat, et je vais vous expliquer ce qui s'est passé. Lorsque la Furie a pris possession du corps de Menellos pour pouvoir protéger le village, l'âme de notre fille s'est réfugiée dans la pierre, et normalement, une fois le combat termine, elle aurait du réintégrer son corps, tandis que l'esprit de la furie, retournait à son combat éternel. Mais lorsqu'elle combattait les pillards, quelque chose a tranché la chaînette qui retenait la pierre-vie, et l'esprit de la furie a été emprisonné dans le corps de Menellos. Et elle n'aspire qu'à combattre le mal, et rien ne peut l'en empêcher. Alors qu'elle aurait du pouvoir quitter son corps d'accueil, elle a du rester dedans. Elle s'est donc précipitée vers les esprits touchés par le mal les plus proches d'elle. C'est à dire dans notre village. Elle a alors tué tous ceux qui portaient en eux un mal. Et elle ne voit que les esprits mauvais, que ceux qui ont quelque chose à se reprocher, et elle ne sait que les tuer. Là est sa souffrance et sa malédiction. Elle nous a laissé en vie, car elle ne nous voyait pas, et elle a blessé Almalia parce qu'elle voulait tuer Olos qui se trouvait à coté d'elle, mais elle n'a pas pu la voir. Et c'est aussi pourquoi le sang d'Almalia a souille sa cape et sa lame, car c'est un sang noble, qui ne méritait pas de couler."
"Mais nous devons réparer notre faute. Une servante de Gaia a été enfermée dans un corps mortel par notre faute. Et une de nos enfants a son âme prisonnière d'une pierre-vie, et jamais elle ne pourra trouver le repos. Il faut donc que certain d'entre nous partent avec la pierre-vie, pour la rendre à la furie. Et ainsi, et seulement ainsi, La Furie-blanche pourra être libérée, et Menellos revenir de l'oubli.